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dimanche 19 septembre 2010

Fleur du désert de Waris Dirie et Cathleen Miller


le spitch : 
Waris, excisée selon la tradition, n'a que treize ans lorsqu'elle décide de s'enfuir, de quitter ses parents, afin d'échapper à un mariage forcé. Après une dangereuse cavale dans le désert somalien, elle rejoint Mogadiscio, puis Londres où elle devient domestique.
C'est alors qu'elle est remarquée par un photographe de mode, et que va démarrer sa prodigieuse carrière de mannequin.
Avec émotion et sincérité, Waris Dirie raconte les détails de son étonnante histoire, évoquant sans détour les difficultés rencontrées tout au long de cette aventure.
Fleur du désert est la troublante confession d'une femme hors du commun.




mon avis :
J'ai lu ce livre dans le cadre d'un partenariat lecture avec les éditions J'ai lu et le forum Livraddict. Je les en remercie.




Nous suivons donc Waris, jeune somalienne nomade au caractère bien trempé, depuis son désert natal aux podiums européens. Mais ce n'est pas la véritable réussite de Waris que d'être devenu mannequin ou top modèle. Sa véritable victoire réside dans le fait d'être devenue Ambassadrice des Nations Unies dans la lutte contre les mutilations génitales féminines. C'est sur que c'est moins facile à caser dans un titre, mais pour moi c'est cette histoire là que j'ai lu.

Ce livre est une autobiographie, cela implique que non seulement nous suivons la vie l'auteur, mais nous lisons aussi sa propre vision des évènements. Et là, il faut savoir que c'est un peu particulié. En effet, Waris est Africaine. Elle a vécu en Europe et a excellé dans un métier éminemment occidental, mais elle est resté Africaine toute entière, jusque dans sa moelle épinière. La pensée africaine est assez différente de la pensée occidentale. Waris est donc très sensible aux signes du destin et lit la volonté de Dieu dans certains événements de sa vie. Personnellement cela ne m'a pas dérangé. Cela ajoute une forme de poésie et nous rapproche de l'auteur.

Ce livre est porteur de différents messages, mais celui auquel je ne m'attendais pas c'est le « plaidoyer » pour l'Afrique. Waris aime profondément son pays et les différents mode de vie qui s'y mèlent. Elle aime profondémment sa mère et ne lui en veut pas. Au delà de la pratique de l'excision et du cas particulier de la Somalie, j'ai découvert un pays. Le mode de vie délicat des nomades. Cet art de vivre en équilibre et en fonction des éléments. Je pense que Waris tire sa poésie de là aussi.

Waris. Elle est ma nouvelle héroïne des temps moderne. Car c'est bien ce qu'elle est. Un parcours semé d'embuches de tout type. Et elle s'en sort, se relève et continue, ne lâche rien. Au début du livre, nous suivons Waris dans sa lutte pour sa survie. Ce récit est entrecoupé de flashbacks, expliquant le mode de vie nomade. Ces flashbacks offrent des clés de lecture, de compréhension du personnage et des choix qu'elle effectue. Car Waris est un personnage, une sacré nana.

Puis dans la seconde partie du récit, nous la suivons, sans retour en arrière. Mais ce n'est pas parce que la réussite est là, que la vie est plus simple. Je n'ai pas beaucoup envie d'en dire plus sur sa vie. Je vais seulement vous conseiller de lire le livre. C'est une histoire à connaître. Peu de Femme (encore moins connues) font le choix de Waris, principalement à cause  des tradditions et de l'idée générale de ce que c'est que d'être « a good women ».


Une femme non excisée est considérée comme impure, obsédée par le sexe et impossible à marier.

« L’excision [...] se pratique essentiellement dans vingt-huit pays d’Afrique. L’ONU estime que cette mutilation touche cent trente millions de petites filles et de femmes. Chaque année, deux millions au moins de petites filles risquent d’en être victime, soit près de six mille par jour ! Ces mutilations sont pratiquées de manière primitive par des sages-femmes ou des femmes du village sans anesthésie. Pour procéder à l’ablation des organes génitaux d’une petite fille, elles utilisent les instruments qui leur tombent sous la main : lames de rasoir, couteaux, ciseaux, morceaux de verre, pierres coupantes, et dans certaines régions, leurs dents. »

Mon avis sur le film (le 10 mars 2010 au cinéma et le 7 septembre 2010 en DVD) :
Je l'ai vu peu de temps après le livre. Il souffre peut-être de longueur, mais en temps que lectrice j'étais très vigilante à l'adaptation et assez focalisée sur l'interprétation.


J'ai aimé la lumière en Somalie. J'ai vu ces paysages rocheux d'un tout autre œil, et le mot qui me vient c'est « éblouissant ». Ce qui m'a le plus gêné au début, c'est le découpage du film. Les flashbacks sont placés à différents endroits, mais une fois que j'ai compris que les scènes n'étaient pas supprimées mais simplement distillées différemment, j'ai été assez soulagées. Car oui, le film est fidèle au livre. Bien sur, quelque aspects sont romancés mais pas tant que cela. Par ailleurs, il a été fait l'impasse sur certain éléments par souci de rythme sans doute et pour éviter probablement aussi, le côté « le destin s'acharne sur Waris ». Car elle est une Cendrillon des temps modernes, que cela plaise ou non.

Brièvement, ce que le livre dit, que le film ne montre pas :

  • Dans son exil vers Mogadiscio, le livre mentionne 2 tentatives de viol, le film une mais c'est la principale.

  • L'histoire de la rencontre avec le photographe est beaucoup plus complexe. Mais cela aurait probablement été compliqué à montrer.

  • L'aspect « mariage blanc » a là aussi été simplifié (a l'extrême d'ailleurs).

  • Waris n'a pas connue une carrière aussi fulgurante, elle a été confrontée à plusieurs barrières. Notamment l'absence de travail pour les mannequins noir à Londres. D'où la nécessité d'aller à New York, d'où le soucis de papier.  

Ce que le film montre, que le livre ne raconte pas :
  • L'histoire d'amour est allègrement romancée, heureusement qu'elle n'est pas si présente.
  • La présence de l'amie Maryline. Je ne l'avais pas perçue aussi présente dans le livre, mais cela n'enlève rien à l'histoire de leur rencontre, au contraire j'ai aimé.

Ce que j'ai préféré dans le film :
L'interprétation de Liya Kebede crève l'écran. Elle a tout à fait incarné la Waris que je m'imaginais : droite, fière, pleine de bon sens, une regard... une volonté. Elle est très forte. Là où j'avais retenu mes larmes, durant ma lecture, je n'ai pas résisté pas à l'écran. J'ai pleuré avec elle, lorsqu'elle prend conscience de la mutilation qui lui a été infligée.



« a good woman is a cut woman »

 Là je n'en pouvais plus et rebelote lors de sa visite à l'hôpital. Liya fait une Waris magnifique. Pour elle, ce film vaut le coup d'être vu.

Cette histoire m'a chamboullé en tant que Femme. Ma première phrase à mon mari après cette lecture : "J'ai vraiment beaucoup de chance d'être née en Europe."
Je vous propose aussi d'aller regarder cette interview. 

la bande annonce :



Quelques images, que j'ai eu plaisir à chercher :







6 commentaires:

  1. C'est remoi !

    J'avais zappé que c'était ton premier part ! J'ai vraiment bien aimé le livre mais comme je te le disais voir un signe du destin dans chaque chose m'a assez gonflé et ça reste pour moi enjolivé, mais c'est vrai qu'elle à l'air d'être resté très simple, maintenant à savoir si cela est vrai je sais pas. les livres on leur fait dire ce qu'on veut. Mais sinon le livre est vraiment pas mal, rapide et elle va à l'essentiel. Maintenant j'ai rien apprit sur la vie des nomades car j'avais lu "Il n'y a pas d'embouteillage dans le désert récit d'un Touareg" et j'avais appri beaucoup la dedans.
    Bizzzzzzzzzzzzzzzzz encore une fois lol
    Florel

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  2. J'avais beaucoup aimé le film vu en mars dernier et depuis j'ai très envie de lire le livre mais j'attends un peu.
    Je vois tout à fait ce que tu veux dire sur l'influence de Dieu dans les sociétés africaines, j'ai vécu en Égypte et vis en Tunisie et c'est la même chose... Inch allah et Hamdullilah ne sont pas que des expressions mais un art de vivre. C'est parfois difficile de comprendre ça quand on est occidental... Et je trouve que pour quelqu'un qui croit aux signes du ciel, Warie Dirie a quand même bien pris son destin en main toute seule comme une grande.

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  3. @ Florel : C'est une telle happy end que l'on ne peut s'empêcher de penser à un moment ou l'autre "non c'est trop, c'est romancé!" mais vu la personnalité que c'est , elle a quand même une image à tenir (ONU...) et les interview d'elle, franchement je crois que tout est vrai et aussi parceque j'ai envie d'y croire!

    @ Frankie : E-XA-CTE-MENT ! Inch Allah ! C'est toute la beauté de l'histoire, le respect des tradition et la manière de voir le monde avec une femme qui trace sa route !

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  4. Trés joli billet, j'ajoute ce livre à ma Wish :)

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  5. Il me fait très envie ce livre. J'avais postulé pour le partenariat mais n'avais pas été reçue :(

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  6. oh mince ! si tu veux je peux le faire voyager??

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