Le récit est écrit à la première personne : le narrateur est David Rice, jeune homme de dix-sept ans. Il s’exprime avec le vocabulaire de sa sphère sociale L’identification est facilitée. Et une fois passé les dix premières pages, force est d’avouer qu’il devient très difficile de lâcher le bouquin.
David vit une existence miséreuse, encaissant la violence quotidienne d’un père alcoolique, souffrant de l’absence d’une mère qui a quitté le foyer familial alors qu’il n’avait que six ans. Il découvre, lors d’une scène douloureuse, qu’il possède le pouvoir de « jumper » - comprenez, de se téléporter - dans l’un des innombrables lieux qu’il a visité par le passé et dont sa mémoire s’est imprégnée.
Le pauvre gamin battu passe immédiatement au statu de jeune friqué indépendant, ayant le monde à sa disposition. Changement d’échelle aussi vertigineux que grisant, que le lecteur s’approprie avec jubilation. Ici, pas d’explication scientifique, pas d’appareillage, pas de pseudo-lexique hard-science : David jump, un point c’est tout. L’intérêt du récit est dans les conséquences de ce soudain pouvoir.
L’identification avec le héros fonctionne. Un gamin que l’auteur croque avec une justesse rare : sous le verni de la fortune et de la liberté que lui confère son pouvoir, David Rice porte les stigmates d’une enfance brisée, et c’est en claudiquant qu’il avance sur le sentier de sa nouvelle existence.
Il se montre égoïste, capricieux, lâche parfois, souffrant d’un terrible manque de confiance en soi ; ses faiblesses amènent à considérer son pouvoir sous biens des aspects, et lui ouvrent des perspectives qui l’amèneront à quelques choix cruciaux.
Bien au-delà du roman facile pour ado que laissait présager l’adaptation filmée, Jumper étonne par la justesse et l’humanité de son personnage central. Il est aussi l’occasion pour son auteur d’aborder quelques thématiques fortes : celle de la relation aux autres [qu’elle soient familiale, sociale ou amoureuse], celle des travers du « pouvoir » au sens large du terme, celle de la vengeance et de l’interrogation de sa légitimité morale, celle du parcours initiatique de l’enfant qui se construit, de l’ado s’acheminant, boitillant, vers la maturité de l’âge adulte.
En reflet des préoccupations d’une époque, Steven Gould appuie aussi une bonne partie de son roman sur les actes terroristes. A ce titre, l’évocation du World Trade Center [au cours d’une scène mémorable totalement absente du film] se pose comme un sursaut prémonitoire qui n’est pas sans laisser les lecteurs post 11 septembre que nous sommes avec un certain malaise...
Le roman ne s’épargne pas quelques grosses ficelles et n’est pas dépourvu d’incohérences. Ce n’est pas non plus son style qui marquera le lecteur. Mais au final, l’alchimie opère. Parce que le sujet du gamin paumé et ordinaire se voyant attribuer un pouvoir extraordinaire continue d’exercer sur le lecteur une éternelle fascination ; parce que le tout est traité avec une justesse rare...
Jumper est aussi l’occasion de faire le triste constat du massacre ahurissant auquel peut se livrer l’industrie du cinéma hollywoodien : la dénaturalisation radicale d’une œuvre. Et rien que pour ça, Jumper, le roman, vaut le détour.
Je savais pas qu'il y avait un livre Jumper. J'ai vu le film et j'ai vraiment beaucoup aimé (surtout que je trouve Rachel Bilson et Hayden Christensen très choux ^^
RépondreSupprimerOui, Rachel Bilson , Newport Beach, souvenir, souvenir
RépondreSupprimerJ'avais aimé y retrouver aussi, Jamie Bell (Billy Elliot!)
Et le livre est tellement mieux que le film alors si tu as aimer le film...
Bienvenue sur la blogosphère !
RépondreSupprimerDis donc ils sont top tes smileys !
yeah!
RépondreSupprimerjuste j'arrive pas à les rentrer dans mes coms et ça m'énerve mais bon...
Ici tu fais comme chez toi